La décentralisation du secteur de l’énergie au Liban contribue à la construction d’une société pacifique et stable et à mettre fin aux souffrances permanentes

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Posté sur nov. 23 2021 par Maurice Matta, Journaliste, analyste financier, expert en médias économiques 8 minutes de lecture
La décentralisation du secteur de l’énergie au Liban contribue à la construction d’une société pacifique et stable et à mettre fin aux souffrances permanentes
©Adra Kandil
À partir de la fin de 2019, le Liban souffrait du pire effondrement financier et économique depuis des décennies. La Banque mondiale a décrit cet effondrement comme l’une des plus graves crises que le monde ait connues depuis plus de 150 ans. Cette crise s’est aggravée davantage en raison des différends politiques, des conséquences du virus de la COVID-19, de l’explosion massive qui a détruit le port de Beyrouth l’année dernière, et de l’absence de réformes et de procédures qui remettent le pays sur la voie de la reprise.

De nombreux infrastructures et secteurs de base libanais connaissent une usure chronique qui s’est accentuée à la lumière de la crise accrue qui sévit dans le pays. Parmi ces secteurs on trouve celui de « l’électricité » qui est considéré comme l’une des crises persistantes au Liban. Le dilemme de la crise du courant électrique se présente comme un amalgame de corruption, de gaspillage, et de népotisme dans ce secteur où les pertes ont atteint jusqu’à présent plus de 43 milliards de dollars. Le résultat ? Une constante : pas d’électricité.

Le secteur de l’électricité au Liban connaît une pénurie chronique d’alimentation et dépend d’une subvention qui a fait subir au Trésor des pertes dont la valeur est mesurée en milliards, avec des pertes techniques et non techniques comprises entre 36 et 40 %, selon le ministère libanais de l’Énergie et de l’Électricité du Liban (EDL). Ce qu’il faut au Liban, c’est couvrir une demande d’électricité qui atteint environ 3 500 mégawatts aux heures de pointe. Cependant, dans le meilleur des cas, la production n’a pas dépassé 2 000 mégawatts. Cette production a progressivement diminué jusqu’à atteindre « zéro » le jour où les centrales ont été déconnectés du réseau et le pays est entré dans l’obscurité totale. Les centrales ont ensuite opéré grâce au carburant irakien, alors que les générateurs privés assuraient jusqu’à 20 heures d’alimentation quotidienne, jusqu’à ce qu’ils soient contraints d’adopter un calendrier de rationnement pour réduire les coûts en raison de l’effondrement du taux de change et le manque de liquidités en dollars.

En effet, le secteur a chuté, plongeant le pays dans l’obscurité totale. Les heures de rationnement atteignent des niveaux records, alors que le pays souffre d’une grave pénurie de liquidités en devises étrangères pour acheter du carburant pour les usines et assurer leur entretien.

Le Liban souffre actuellement de l’une des plus graves crises de panne d’électricité au monde, car les stations fonctionnent à présent sur le carburant irakien, qui fournit un maximum de près de 400 mégawatts d’électricité, ce qui signifie 4 heures d’alimentation au maximum.

En ce moment, les heures d’alimentation sont passées de deux heures à 7 heures dans de nombreuses régions grâce à la diminution de la pression sur le réseau, alors que le volume de production oscille actuellement entre 580 et 620 mégawatts. Il reste à compter sur l’arrivée de gaz égyptien d’ici la fin de cette année à la centrale de Deir Ammar, au Liban-Nord à travers la ligne arabe, passant par la Jordanie et la Syrie, dans le cadre d’un projet financé par la Banque mondiale pour contribuer à la production de jusqu’à 460 mégawatts. Le Liban compte également sur l’achèvement des procédures techniques et administratives pour puiser l’énergie électrique en Jordanie afin de sécuriser environ 150 mégawatts d’électricité de minuit à six heures du matin et 250 mégawatts de six heures du matin à minuit. Le pays cherche également à augmenter le volume de carburant qu’il importe de l’Irak à des conditions concessionnelles, comme quoi l’Irak fournirait au Liban environ 60 000 tonnes par mois pendant un an.

L’importance de renforcer et de mettre en œuvre la décentralisation dans le secteur de l’énergie et de l’électricité au Liban est revenue au premier plan avec la détérioration accentuée au niveau de ce secteur.

Plusieurs facteurs soulignent l’impact positif de la décentralisation sur le développement des sociétés, surtout à une époque où les sources d’énergie sont nombreuses et où la pression sur les transports et l’approvisionnement en énergie augmentent. Ici, il faut rappeler qu’en 2018, le gouvernement libanais, par l’intermédiaire du ministère de l’Énergie et de l’Eau, a mis à jour son Plan d’action national pour les énergies renouvelables afin d’atteindre l’objectif de sécuriser 30% des besoins en électricité du Liban d’ici 2023 à travers des projets d’énergies renouvelables dont la production éolienne et solaire.

Le plan énergétique national incluait, lors de son élaboration, les technologies de base sur lesquelles il fallait travailler, dont l’énergie solaire pour la production de l’électricité et le chauffe-eau solaire, en plus de l’énergie éolienne, l’hydroélectricité, l’énergie hydroélectrique, et l’énergie géothermique. Selon le plan, l’énergie renouvelable devait représenter environ 12% de l’énergie totale au Liban en 2020.

Dans un rapport publié l’année dernière par le Centre libanais pour la conservation de l’énergie (LCEC) en coopération avec l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et le ministère de l’Énergie et de l’Eau, il est mentionné que le coût moyen de la production de 4 214 mégawatts d’énergie renouvelable au Liban est d’environ 6,7 milliards de dollars.

Face à toutes ces opportunités, et aux efforts pour augmenter les heures d’alimentation et améliorer la performance du secteur énergétique au Liban, le focus est de nouveau sur la décentralisation de l’énergie et l’importance d’appliquer cette décentralisation afin d’améliorer la gestion de l’importation de l’énergie et de sa distribution au niveau des districts. Cela se reflèterait positivement sur le développement dans les régions et les zones rurales.

Cette réalité contribue également à sécuriser des stratégies énergétiques multiples et différentes entre les régions, en plus de favoriser les échanges électriques entre elles si nécessaire. La décentralisation contribue également à apaiser les tensions politiques existant dans le pays, en limitant le pouvoir et la gestion du secteur de l’énergie de la part d’un parti politique, ce qui aboutirait inévitablement à une active participation collective à la réussite de ce secteur.

En ce qui concerne l’énergie, les avantages de la décentralisation comprennent également l’amélioration du service afin que les retours financiers soient répartis équitablement entre les quartiers. Ceci contribue à créer un climat favorable à l’augmentation des opportunités d’emploi tout en soulageant la pression dans la capitale, en plus de mettre fin aux déplacements entre villes et villages. En outre, la décentralisation est essentielle et importante en termes de réduction du gaspillage institutionnel par un suivi proche du travail quotidien à une échelle centralisée confinée à la géographie, notamment en ce qui concerne la collecte, la mécanisation du secteur, et l’intensification de la concurrence.

Tout cela sert à créer une atmosphère propice à la paix et la stabilité civile et communautaire avec l’amélioration du service rendu, parallèlement à la création d'opportunités d'emploi et à la réduction du chômage dans les villages et villes éloignés de la capitale. Cela contribue également à réduire le gaspillage et à renforcer la responsabilisation. Chaque région adopte une nouvelle approche pour développer et diversifier les ressources énergétiques.

Il faut noter qu’il y a plusieurs facteurs liés principalement à la réalité libanaise exceptionnelle, qui est considérée comme extrêmement complexe, y compris ceux liés à la distribution sectaire, confessionnelle, partisane, politique et régionale. Cette réalité peut parfois contribuer à utiliser la décentralisation énergétique et administrative comme une arme pour étendre le contrôle politique, partisan et sectaire sous un nouveau fait accompli et avec une nature fractionnelle qui domine l’intérêt public au détriment des ressources énergétiques.

Si les préoccupations de certains concernant le fédéralisme ne sont pas prises en compte, et si les ministères de l’énergie et de l’eau n’expliquent pas comment ils traitent avec les administrations régionales pour gérer le secteur, il deviendra très difficile de rassurer les composantes libanaises sur l’importance de la décentralisation administrative dans le domaine de l’énergie, notamment dans le maintien de la paix civile.

Le secteur de l’énergie est divisé en plusieurs catégories, y compris l’exploration de ressources naturelles telles que le pétrole et le gaz, en plus du processus d’extraction, le transport par voie maritime et terrestre, le raffinage jusqu’à la production et la distribution d’énergie, et enfin, le processus de collecte, qui est considéré comme le retour financier pour les pays et le retour sur investissement dans les projets du développement.

Dans chacune de ces catégories, il y a des défis majeurs qui doivent être identifiés et pris en compte. Si des réponses définitives, des lois claires, et une sécurité et une responsabilité sérieuses ne sont pas fournies à travers le pays, la décentralisation dans le secteur de l’énergie restera inefficace, tant sa mise en œuvre la transformera en de nombreux défauts.

Enfin, et si l’objectif au Liban est de créer un secteur énergétique viable et sain basé sur la décentralisation administrative au service d’une paix civile durable, toute la société libanaise doit participer à un atelier de long terme avec l’État fixant une vision nationale d’abord et ensuite une vision régionale sur la façon de gérer et de préserver ce secteur à l’ombre de tous les défis internes et externes au Liban.

La sécurisation de l’énergie nécessite des plans d’envergure à l’échelle nationale afin d’assurer le terrain approprié, valable et légal à cette bataille et à cette expérience qui a fait ses preuves dans de nombreux pays. De plus, des investissements importants doivent être fournis et répartis de manière égale, loin de toute discrimination et sur une base stratégique claire qui contribuent à la reconstruction de ce secteur, qui a causé plus de la moitié de la dette publique au Liban.

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