Originaire de Barouk, dans le caza du Chouf au Mont-Liban, Lilian n’est pas qu’une simple guide touristique ou créatrice de contenu. Elle incarne l’histoire d’une jeune femme partie de rien, sans aucun soutien, animée par le rêve de vivre à sa manière — avec honnêteté et spontanéité. Elle ne cherchait ni la célébrité ni l’argent, mais une liberté totale d’expression et le partage de son histoire à travers ses voyages et expériences multiples.
Au départ, Lilian a étudié la médecine, mais elle a vite compris que ce n’était pas sa voie. Incapable de vivre enfermée dans des salles fermées et soumise à des horaires rigides, elle s’est tournée vers les grands espaces, les routes et les rencontres inattendues.
Pendant que le monde se repliait sur lui-même durant la pandémie de COVID-19, Lilian ouvrait ses fenêtres sur la vie qu’elle rêvait de mener. Elle est partie en Égypte, a parlé de la beauté du Liban, convainquant certains d’y venir. Elle ne faisait pas la promotion du luxe, mais d’un voyage qui lui ressemblait : simple, authentique, proche des gens.
Lilian reconnaît qu’elle ne peut pas garder un emploi plus de trois mois, ni respecter des horaires stricts. Pour elle, la liberté n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Elle ne cherchait pas la stabilité professionnelle, mais à se découvrir à travers chaque expérience.
Lors de son premier voyage en Égypte, elle ne partageait pas encore ses aventures sur Instagram. Elle se contentait de documenter ses moments en photos et en courts récits. Peu à peu, « j’ai vu dans l’appareil photo plus qu’un outil de mémoire ». Sa page est devenue une fenêtre pour montrer un Liban authentique et relier les peuples à travers le tourisme et l’expérience vécue.
Elle a rencontré des guides touristiques de tout le monde arabe, et a commencé à partager ses journées sous forme de « reels », retraçant les étapes de ses voyages et les lieux visités. Son contenu a évolué jusqu’à devenir des vidéos complètes publiées sur sa chaîne YouTube. Elle n’était plus seulement guide, mais conteuse et passeuse d’humanité.
Son compte a rapidement gagné en popularité. Beaucoup ont apprécié sa sincérité et son naturel. Pour elle, le succès n’est pas un hasard, c’est un but atteint avec persévérance et foi en la liberté. « Je ne me concentre pas sur le négatif. L’amour que je reçois est bien plus fort. »
Le tournant est survenu lors de son séjour en Grèce, où elle a travaillé deux mois avec une agence touristique. Ce fut la première fois qu’elle voyageait avec des personnes d’autres cultures, ne parlant pas sa langue, une expérience marquante.
Puis vinrent la Turquie et surtout la Géorgie, qu’elle considère comme le vrai départ de son aventure numérique. Après avoir économisé, elle quitte sa zone de confort : sac à dos, auto-stop, hébergement en auberges ou chez l’habitant. Une expérience exceptionnelle qu’elle documente sur Instagram puis YouTube.
« Je voulais être comme Ibn Battûta... découvrir et documenter. » En Géorgie, elle atteint même des villages reculés, comme le plus haut d’Europe.
Voyager coûte cher, mais Lilian s’organise différemment. Le billet d’avion est le plus cher, le reste est soigneusement planifié. Elle travaille au Liban comme guide, économise, évite les dépenses inutiles, et préfère les activités gratuites proches de la nature.
Chaque dollar économisé va dans le budget voyage. Elle n’investit que dans son travail : appareil photo, téléphone, micro. Pour le logement : auberges, hébergements gratuits, ou hôtels en échange de promotion.
Avec la croissance de son compte, elle reçoit des offres de partenariats, et gagne de l’argent via les vues YouTube. Mais elle ne choisit jamais une destination au hasard. Elle part à la rencontre des gens avant les lieux. Elle entre dans les maisons, partage les repas, écoute les récits.
Elle est attirée par les pays où les relations humaines sont encore vivantes. « Ce qui m’importe, c’est de voir l’humain, pas le monument. » Elle refuse le tourisme de masse, et préfère une approche humaine, où le touriste est un invité, pas un portefeuille ambulant.
Son contenu est donc sincère, naturel, loin du marketing. Et le Liban reste son cœur. Lorsqu’elle filme une journée en village, un repas montagnard ou une discussion avec des aînés, les gens se reconnaissent. Son contenu sur le Liban est le plus populaire.
Elle rappelle qu’on associe souvent le Pakistan à la violence. « Comment peut-on juger 240 millions de personnes ? » Elle voyage pour montrer le vrai visage des peuples, et documente des instants spontanés, loin des clichés véhiculés par les médias occidentaux.
Les défis sont nombreux : instabilité, précarité du travail indépendant. Mais elle avance, avec une mission : « Faire découvrir les gens aux gens, sans préjugés. »
Pour Lilian, le voyage est « la plus belle université de la vie », un apprentissage du respect et de la tolérance. Ce n’est pas juste un déplacement, mais une immersion dans l’humanité.
Elle insiste sur l’importance de l’échange sincère avec ses abonnés, en répondant à leurs messages. Elle croit que chacun a sa propre voie, refuse d’imiter, et construit son chemin en accord avec ses rêves.
Lilian conclut :
« Voyager, ce n’est pas juste voir du pays, c’est apaiser son cœur et comprendre l’autre tel qu’il est, sans jugement ni barrières. »