L’aventure d’Istanbouli a commencé dans la ville méridionale de Tyr, à travers des pièces critiques sur les plans politique et social, défiant les normes établies. Il a réussi à investir les places publiques et les rues avec une troupe proposant des spectacles itinérants, alors qu’il n’était encore qu’en deuxième année à l’Institut des Beaux-Arts de l’Université libanaise.
Le tournant dans sa vie s’est produit en 2014, lorsqu’il a rouvert le "Cinéma Colisée" dans la rue Hamra, qui abrite une scène de théâtre restée à l’abandon pendant des décennies. Il explique : « Ce projet n’avait pas seulement un aspect de rénovation, mais il annonçait la naissance d’un projet culturel global baptisé Théâtre National Libanais, visant à rendre les spectacles accessibles à toutes les couches sociales, créer un espace dédié aux ateliers, un lieu de rassemblement pour les étudiants universitaires, ainsi qu’une bibliothèque publique. »
Le projet d’Istanbouli a dépassé la simple dimension artistique. Il a fait du théâtre un outil de réconciliation avec soi-même et avec autrui, un lieu où l’on peut élever la voix contre la marginalisation, le confessionnalisme, la répression, entre autres. Parmi ses réalisations les plus marquantes, on compte le lancement du Festival du film de Tyr, le tout premier festival cinématographique dans l’histoire du Sud libanais, qui en est aujourd’hui à sa 12ᵉ édition.
En 2018, Istanbouli et ses compagnons—qu’il tient toujours à mentionner lorsqu’il parle de ses réussites—ont fondé une association agréée nommée "Tiro".
Il ne cache pas qu’il donne la priorité, dans son travail, aux jeunes diplômés, notamment dans les régions périphériques, estimant que l’accès à la culture est un droit et non un privilège, et qu’il doit exister partout pour réaliser ce qu’il appelle la décentralisation culturelle et artistique. Pour cela, il leur permet d’utiliser la scène quand ils le souhaitent, et s’efforce de leur assurer un public.
En retraçant son parcours jusqu’à Beyrouth, on découvre qu’Istanbouli a d’abord créé un théâtre à Tyr, puis à Nabatiyé, avant de se diriger vers le nord, à Tripoli, pour enfin arriver dans la capitale. Il considère que la relance culturelle, politique et même économique de Beyrouth ne peut être complète sans un théâtre dynamique, porté par la jeunesse, qui reflète les priorités et préoccupations des citoyens.
Il n’a jamais bénéficié de soutien financier significatif ; la plupart de ses projets ont été réalisés grâce à des efforts individuels, et plus récemment grâce à des dons collectés via des plateformes telles que GoFundMe. Quant au ministère de la Culture, censé être l’acteur principal dans ce domaine, son soutien s’est limité à l’aspect moral. Malgré cela, Istanbouli et les membres de son association ont inauguré ce qu’il aime appeler des "espaces et lieux culturels", dans le but de lutter contre le monopole de la culture par les élites.