La numérisation au sein des jeunes abolit le principe du « dialogue unilatéral » : Vers des discussions libres des restrictions

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Posté sur déc. 09 2022 par Youssef Al Amin, Journalist 11 minutes de lecture
La numérisation au sein des jeunes abolit le principe du « dialogue unilatéral » : Vers des discussions libres des restrictions

« C’était une formidable arme de communication », a décrit le rôle des médias sociaux lors du lancement de leur révolution par la jeunesse tunisienne en 2010. A l’époque, ces moyens constituaient un espace suffisant pour que les jeunes puissent exprimer leurs points de vue et leurs désirs loin de la répression des autorités, qui ont toujours utilisé de nombreuses méthodes pour les défier.

 

Cette incitation à communiquer les uns avec les autres découle des années où les jeunes ont essayé de rompre avec la réalité médiocre contrôlée par les systèmes politiques. La phrase « Les murs ont des oreilles » est répétée par les peuples de la majorité des États arabes comme une représentation de la confidentialité des débats qui peuvent mettre leur vie en danger, par exemple à cause de la critique de la réalité politique.

La révolution tunisienne s’est étendue à l’Égypte, aux Philippines, au Yémen, à l’Algérie, au Soudan, à la Syrie, au Liban et à d’autres, formant ce qui est connu comme le « Printemps arabe ». Au Liban, l’application Facebook était en vogue au sein des citoyens, qui ont suivi les événements de la Tunisie à cette époque et dans d’autres pays arabes sur le site, et ont été influencés par eux. Écrire une « publication » sur cette application était suffisant pour exprimer l’insatisfaction à l’égard de la structure du système politique et des lois non modifiées. Ils ont publié le slogan « Le peuple veut la chute du régime ». Les collègues universitaires, les amis et le groupe de jeunes en particulier ont communiqué entre eux pour unir les slogans, les demandes et déterminer où et quand commencer. En conséquence, des centaines de Libanais (amis d’amis et les membres de leur famille) ont répondu aux invitations publiées. Une page Facebook a montré que quelque 2656 personnes, ayant sélectionné l’option « Intéressé », avaient l’intention de participer aux évènements, mais des centaines d’entre elles ont participé aux manifestations de février 2011.

Équation : D’un média qui attire les jeunes à un est attirante grâce à eux 

De là, on peut dire qu’à un moment donné, les médias sociaux attiraient les jeunes, mais aujourd’hui, on voit des jeunes qui utilisent ces plateformes attirantes, c’est-à-dire que l’équation a changé. De nombreux médias traditionnels ont cherché à être présents dans les espaces numériques, par exemple en posant des questions à leurs abonnés. Certains d’entre eux ont accorder un moment aux utilisateurs pour voter sur un cas qui développe la communication entre les followers, dont la majorité sont des jeunes. Cela a contribué à la montée de la Tendance (les trends) et à la publication de l’hashtag pour dénoncer ou endosser une idée. On trouve sur Facebook, par exemple, des groupes créés par des jeunes pour dialoguer entre eux sur la plateforme, ou pour former une opinion publique qui les concerne. Les initiatives numériques pour les jeunes, identifiées directement par et vers les jeunes, sont souvent lancées.

Dans ce contexte, le journaliste et vérificateur de faits Mahmoud Ghazayel souligne qu’avec l’expansion des plateformes et la fréquence croissante d’Internet dans la région arabe et dans le monde, personne ne peut se contenter de l’écran de télévision, des publications sur papier ou autre. Les médias sont maintenant disponibles sur des appareils intelligents, avec des conceptions simples, pour exprimer les opinions des jeunes.

Avec la majorité des jeunes qui sont accrochés à leurs « téléphones mobiles », les médias traditionnels ont noté qu’il leur manquait un élément clé : la jeunesse. Les médias traditionnels essaient d’alimenter la tension pour équilibrer leurs programmes traditionnels avec leurs matériaux numériques. « Les hashtags associés aux programmes de télévision ont émergé pour couvrir la catégorie des jeunes, ainsi les moyens traditionnels ont essayé de réduire l’écart entre leur nature traditionnelle et la numérisation », déclare Ghazayel. Ces médias déclarent qu’ils devraient non seulement chercher à attirer les personnes qui utilisent les médias traditionnels, mais aussi les personnes qui interagissent avec eux à travers les médias numériques.

Les jeunes, boussole pour promouvoir un dialogue « fluide »

Après des années de couverture médiatique traditionnelle, Al Jazeera a lancé son compte TikTok il y a environ deux mois. Selon une étude menée par Influencer Marketing Hub en partenariat avec Refersion en 2022, TikTok comprend environ 39,91% du groupe de jeunes (18-24 ans), une indication claire de l’ambition des médias à attirer la composante jeunesse. Al Jazeera a numérisé son contenu télévisé en lançant des plateformes de médias sociaux, notamment « Midan », qui publie des documentaires, et AJ + en versions anglaise et arabe.

Avec un contenu visuel et audio simplifié et des minutes limitées, Al Jazeera a contribué à l’accès aux jeunes. La chaîne, suivie par plus de 45 millions de téléspectateurs, a constaté que la poursuite de la catégorie qui tend le plus à participer aux controverses et aux discussions, constitue un plus pour elle. Le média AJ+ a été imité par beaucoup aux niveaux de l’authenticité et du sérieux qu’il possède. Nous pouvons trouver dans les commentaires des espaces de discussion basés sur le matériel médiatique publié. Un de ces derniers était des programmes analytiques qui n’étaient pas traditionnellement présentés, utilisant une stratégie axée sur ce qui « sort de l’ordinaire » qui attire souvent les jeunes, comme le programme « Salit News », qui comprend un personnel composé de jeunes.

La même chaîne a créé Al Jazeera Podcast à partir des programmes politiques, historiques, sociaux, artistiques et autres, attirant les jeunes auditeurs surtout loin de l’affichage traditionnel qui ne divertit pas cette catégorie. Avec cette stratégie, le « dialogue » va de soi chez les jeunes lorsqu’ils stockent ces informations qui leur sont transmises de manière « fluide » et démantèlent ce code médiatique de manière simplifiée et rapide.

Selon une étude du National Literacy Trust sur la participation des jeunes aux podcasts en 2021 au Royaume-Uni, 63 % des jeunes de 16 à 34 ans ont écouté au contenu des podcasts. Un sur deux auditeurs (54,2%) a estimé que l’un des avantages d’écouter un podcast était « entendre les points de vue et les pensées de différentes personnes », ce qui, bien sûr, vise à améliorer les compétences de dialogue, pour ainsi dire.

« Les dialogues sur la consolidation de la paix et la série de podcasts permettent aux enfants et aux jeunes d’explorer leurs sentiments et de jouer un rôle actif pour rapprocher leurs pairs et leurs collectivités » a déclaré Mme Christine Muhigana, représentante de l’UNICEF en RCA lors d’une conférence de presse le 11 février 2022. L’organisation a lancé une série de podcasts en trois parties qui a déclenché des discussions entre les jeunes pour « s’exprimer et partager des points de vue et des solutions sur la santé mentale et l’impact des troubles », ce qui a déclenché l’interaction des participants.

Dans la même veine, le dialogue peut revêtir de nombreuses formes, pour ceux qui possèdent aussi un penchant artistique. « Umm Kulthum wa khabaya al adhama » (Umm Kulthum et le côté caché de la gloire), qui aurait pu imaginer que le groupe de jeunes serait intéressé par cet épisode du podcast intitulé « Rumooz » (icônes en arabe) d’Al Jazeera, qui raconte la vie d’une grande chanteuse dont les chansons ont été appréciées par nos grands-parents il y a des années ? Ensuite, des questions ont été posées par un jeune public sur le côté caché de sa vie, qui a été exposé durant l’épisode. Certains d’entre ces jeunes ont discuté cet épisode et présenté des faits sur le parcours d’Umm Kulthum à travers leurs comptes de médias sociaux pour prendre une position pour ou contre ce qui a été transmis.

« Les sites de médias sociaux ont fourni un large éventail de sujets qui peuvent être portés devant l’opinion publique sans restriction, » dit Jad Shahrour, le responsable des communications dans la Fondation Samir Kassir. À l’heure où les pays arabes vivent de graves crises, les médias sociaux ont fourni une couverture des manifestations dans lesquelles les jeunes ont participé, loin des restrictions gouvernementales ou du capital financier.

Plateformes numériques en devenir : « pour y réfléchir de nouveau »

Lors du soulèvement du 17 octobre 2019 au Liban, de nombreuses interviews « Vox Pop » ont été adoptées par les chaînes de télévision, ce qui était inattendu dans de tels événements. Cependant, ceux qui voulaient échanger leurs opinions politiques ont choisi des plateformes similaires à Twitter, Facebook ou l’application d’appels vocaux de groupe Clubhouse, sans être limités par le « temps d’antenne » sécurisé par un média particulier. Pendant cette période particulière, cette plate-forme audiovisuelle a été revisitée par les Libanais qui ont créé une « salle » pour discuter de tel ou tel sujet, dans laquelle des professionnels des médias ont participé pour discuter avec les jeunes sur les questions politiques qui ont surgi à partir du 17 octobre.

Les nouveaux médias ont compris que le contenu médiatique ne doit pas nécessairement figurer dans un journal, à la radio ou à la télévision, mais plutôt électroniquement. Shahrour a noté que des pages telles que « Megaphone », « Daraj », « Raseef22 » et d’autres, tirent le pouvoir dans le contenu publié sur Instagram, Facebook et Twitter ou via leurs sites Web.

Toutes ces plateformes « visent à braquer les phares sur préoccupations des jeunes, comme les sujets relatifs à la communauté LGBTQ+ par exemple ». La diffusion de contenus liés à une catégorie de minorités, ainsi qu’aux jeunes, classés « tabou » dans nos sociétés, constitue à elle seule un facteur de pensée critique et de promotion des questions et du dialogue. Les plateformes elles-mêmes accueillent des personnes « queer », par exemple, pour leur permettre d’exprimer leurs points de vue et d’introduire les concepts auxquels elles croient en s’éloignant du « dialogue unilatéral » qui a été promu principalement par les organisations médiatiques traditionnelles.

En revanche, Shahrour ajoute que ces sites ont « donné l’occasion aux organisations politiques répressives de créer des armées électroniques » qui limitent les concepts de dialogue qui favorisent la liberté d’expression. Cela fait partie intégrante de la réalité du Liban, car nous trouvons ces armées attaquer quiconque promeut les droits de l’homme, sous prétexte d’une « relation avec les ambassades ou d’une collaboration avec l’ennemi », selon Shahrour. Cela a fourni aux organisations mondiales un espace pour diffuser des campagnes de solidarité des droits humains dans l’ensemble du territoire.

Le programme Jaafar Talk, présenté numériquement et sur la télévision par Deutsche Welle (DW), une chaîne allemande, a fourni un espace adéquat pour le dialogue entre les différents points de vue. Le programme a longtemps été critiqué par certains spectateurs parce qu’il aborde des sujets qui ne sont pas discutés de façon « ordinaire » sur les media. Le programme a choisi comme devise : « La différence est le début du dialogue » pour aborder les questions relatives aux femmes, à la communauté LGBTQ+, et les thèmes de l’émancipation de l’autorité religieuse ou patriarcale, qui ont tous été mis en avant par le programme. Ce dernier a préparé ses dialogues d’une manière concurrente contre dissidente et a même présenté quelques « commentaires » durant les épisodes. Il a permis aux invités en même temps d’exprimer leurs idées dans un dialogue d’égal à égal. Ici, nous pouvons dire que l’utilisation des règles du dialogue dans la programmation numérique est un des secrets de leur succès dans la promotion du principe de « réfléchir de nouveau » sur les questions enracinées dans les sociétés.

Si nous regardons les médias numériques bilatéraux, ils contiendront bien sûr certaines des lacunes qui ont renforcé le discours haineux dans les dialogues entamés par eux. Cependant, nous pouvons dire que cela relève des interlocuteurs eux-mêmes, de la plate-forme elle-même, et n’élimine pas le rôle de premier plan joué par ces moyens dans la promotion du dialogue. Il existe de nombreux espaces sûrs pour présenter, accepter ou même approuver leurs points de vue.

Les plateformes qui ont émergé pour préparer les dialogues des jeunes, ou les médias numérisés, sont une bonne preuve du besoin de dialogue dans la vie. Ceci vient de la puissance des podcasts et du contenu numérique qui est maintenant défini selon les « caprices des jeunes ». En raison de la liberté qui était devenue disponible sur ces médias, les diffuseurs de médias avaient contribué à la création de programmes qui ont attiré cette catégorie, et le langage médiatique a été modifié pour intégrer le dialogue interactif dans ses matériaux. Toutes ces données sont une voie constructive pour un avenir numérique jeune et intégré qui inspire le dialogue sur ce qui est permis et ce qui est interdit.

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